Un tour du monde... des races de chat ! |
Ce texte semble raconter un projet de voyage autour du monde. rien à voir avec les chats !
Mais j'y ai caché phonétiquement les noms de toutes les races félines reconnues par le LOOF... Amusez-vous à les retrouver !
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Vous avez besoin d'un indice ? Téléchargez la liste des races citées.
Ayant pris une année sabbatique, je m'apprêtais à réaliser un de mes vœux les plus chers : faire un tour du monde, en un mot visiter des contrées exotiques. C'était un projet de taille, dont l'idée avait germé un après-midi en buvant du thé accompagné d'une spécialité originale : deux tartines de beurre mises (en « glaisant ») l'une sur l'autre et fourrées avec jambon d'York, chocolat tartiné d'une cuillerée de wasabi, cinq grammes très exactement (NB : la recette originale était sans beurre ; 1000 années d'évolution l'avaient améliorée, dont cet ajout de beurre mis amer, hic !).
Un excellent thé de Chine dans ma tasse, ma chatte sur les genoux, j'imaginais donc des paysages asiatiques, je m'imprégnais des cultures orientales, et je me voyais écrivant « bons baisers de Russie » sur des cartes postales. Oui, c'était décidé, bientôt tous ces souvenirs seraient aussi à moi ! Je me rappelle si bien de cet après-midi que je saurais encore vous citer toutes les musiques que j'avais écoutées : Scott Joplin (c'est du rag), Dolly (un groupe de rock français), puis des extraits du « Ring der Nebelungen » de Richard Wagner, et pour finir « le Mandarin Merveilleux » de Béla Bartók. Un choix assez éclectique, en somme. A l'image de ce futur voyage ! Quand je lui parlai de mes projets, mon père s'en offusqua bien un peu, mais très vite il comprit mon engouement. Passionné de plongée sous-marine comme moi, il me parla de la grande barrière de corail, de la baie du Bengale, des abysses insondables, de la Mer Rouge , de Nosy Bay. Rien ne pouvait dorénavant me retenir ! Un peu inquiet tout de même, mon père répétait encore et encore « Attention tout de même, ne prends pas de bagages trop encombrants, et pars avec des amis ! ».
Ce à quoi je lui répondis du tac au tac : « Ca va, n'affole pas tout le monde. Pour les bagages, ah mais, ricane ! Shorts, air comprimé pour les bouteilles de plongée, accessoires divers, ustensiles variés, je trouverai bien tout ça sur place ! Je pourrai payer, sur mon compte bancaire il y a une somme alimentée par mes salaires précédents. Quant aux amis d'enfance, nos chouchous, ils sont déjà d'accord ! ». En effet, mon amie d'enfance, Anne Coeur, une recordwoman de saut, qu'au quai de Bercy j'avais connue, était partante. Mes amis Bob et Germaine Counasse, lui marin-pêcheur et elle originaire d'Ecosse, viendraient aussi. Catherine, leur fille, garderait leur maison pendant ce temps.
Anne Coeur habitait un appartement locatif à Nice en compagnie de son chien Munch, qui ne cessait pas de courir et de japper dès que le téléphone sonnait. « Cours, il y a Anne ! » Bob téléphonait souvent à Anne en effet (« Munch jappe à Nice, Bob téléphone » disait souvent Anne Coeur, et même elle anticipait et criait « Bob tél., jappe ! » au nez du chien). Moi j'habitais à Chartres. Eux (Bob et Germaine Counasse) vivaient en Bretagne, et nous étions tombés d'accord pour les rejoindre et commencer notre voyage là-bas. Nous avions la permission de Bob pour utiliser son propre bateau. Contournant la péninsule ibérique, nous traverserions la Méditerranée jusqu'à l'Egypte, car nous rêvions tous de voir les Pyramides et le Sphinx de Gizeh. Nous avions d'ailleurs commencé l'étude des hiéroglyphes, et les mots égyptiens allait bientôt nous révéler tous leurs secrets. Ce qui est sûr, par contre, c'est que nous n'emmènerions pas Peter avec nous. Peter avait été notre ami, mais très vite nous nous étions rendus compte qu'il est du genre à reprendre tout ce qu'il donne. « C'coyotte de Peter » (bol de ne pas l'avoir avec nous !) aurait tout gâché. Il aimait se gausser de Germaine en l'appelant « Germâne. ». Rexiste dès son adolescence, il continuait de fréquenter des milieux fascistes. Il se moquait ouvertement de la peau mate d'Anne Coeur, d'ailleurs il n'aimait que les slaves. « Anne a bronn'zé. » disait-il d'un ton sarcastique en imitant l'accent du midi d'Anne. Etonnant qu'il n'ait pas encore été puni pour injure raciste ! En tout cas, nous ferions notre voyage sans lui.
Après l'Egypte, nous avions prévu de rejoindre Ishvan Dülak, un ami turc (Ishvan est un prénom dérivé d'Ivan, et le nom de famille turc Dülak, de « Van Dülack », est aussi une dérivation de nom étranger). Ishvan portait toujours une ceinture. Anne Coeur disait « Ishvan est un Turc à l'habit ceint de cuir », « Ishvan est fort comme le Turc qui assomma l'imam », « Chausse Ishvan si tu l'oses » ou encore « A Turc malin, rien d'impossible ».
Donc, notre groupe enfin au complet, nous pourrions continuer notre voyage vers l'Asie (Anne était impatiente d'y aller) non sans avoir fait un détour par le Nord de l'Europe, et animé nos visites en nous replongeant au temps des tsars, avec ces palais de St Petersbourg qui abritaient des bals masqués au bord de la Neva , mascarades d'un temps révolu.
Là, nous pourrions visiter les anciens temples sacrés de Birmanie, aller voir le lion de Singapour (assez moderne, lui par contre), nous retrouver à Bali, nez à nez avec une danseuse envoûtante aux mille bras, bien loin des marins bretons qui noient leur ennui dans le chouchen ou des pieuses bigouden suivant l'habit saint de leur évêque.
Ce serait même épique, si Bob le marin arrivait à nous faire faire une croisière dans le coin. Mais sûrement on ne couperait pas au coup de blues de Germaine avec sa nostalgie de ses collines natales, les Highlands, folle de paysages britanniques qu'elle était ! Vous connaissez sûrement ces collines, celles qui recréent exactement l'ambiance de la forêt en mouvement dans « Macbeth » de Shakespeare, d'un pur style écossais (« Scottish »), faut le dire ! Germaine, qui avait en somme aligné ses souvenirs dans sa tête, nous parlait souvent de ces arbres. « E.T. cherche maison », c'était un peu ça avec Germaine, elle nous suivait mais continuait de penser à son chez elle.
Mais je diverge... Revenons à notre projet de voyage et ne perdons pas le Nord ! Vais-je y inclure, comme l'aimerait Germaine, une escapade en Ecosse ? Au Mali ? Et pourquoi pas en Amérique ? Anne Coeur le disait bien, ce qui nous fait envie, qui nous manque, c'est les grands espaces. Quand je parlais à mes amis de l'Amérique, Anne, Bob, tels des gamins impatients, s'y projetaient déjà. En fait, nous y avions déjà été ensemble il y a quelques années. Quand je lui avais dit « l'Amérique, Anne, ouah ! y re-errer à nouveau, ce serait chouette ! », tout de suite elle acquiesca : « Bisse un tel voyage, et je te suis ! ». La région qui nous attirait le plus aux Etats-Unis, c'était la Californie. « Ah, ce paon ! gueule de culturiste qui se pavane devant les filles. » ne pouvait s'empêcher de dire Anne en parlant de l'actuel gouverneur de Californie. « Anorexique, lui, sûrement pas ! Tu as vu ses muscles ?... » Je me demande si Anne, sous ses sarcasmes, ne rêvait pas en secret de le rencontrer.
En tout cas, nous voulions découvrir des choses nouvelles, ne plus vivre comme des veaux (neurexine et autres protéines récepteur des neurones aidant), mais comme des humains se sentant libres. Jouer avec les éléments, légers comme l'écume, ricocher des galets dans l'eau, être heureux de choses simples, voilà ce dont nous avions besoin. Anne, elle, voulait toujours aller plus loin, encore et encore. Ni « Shrek », ce film d'animation qu'elle aimait voir et revoir, ni aucun autre film ou livre ne remplacerait chez elle cette envie de nouvelles aventures. C'est l'espoir et les projets que nous formons qui nous aident à vivre, aimait-elle à dire, et j'étais bien d'accord !
Babette Pautet
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© Marie-Bernadette Pautet, 2005-2019 | Dernière mise à jour de cette page : 10.1.2010 |